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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/297

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ce tout, car ce n’est qu’associé à plusieurs autres qu’il peut le représenter. De même aussi, par l’effet de ce même moment, la religiosité de cet être est créée, par rapport aux aptitudes religieuses infinies de l’humanité, comme un individu de nature toute particulière et nouvelle. En effet, cet instant est, dans la vie de cet être, à la fois un point déterminé, un membre dans la série d’activités spirituelles qui lui est tout à fait propre, une circonstance qui, de même que toutes les autres, se trouve dans un rapport déterminé avec un auparavant, un à présent et un après ; et comme cet avant et cet à présent ont chez chacun [266] leur caractère tout à fait particulier, il en sera de même de l’après. Étant donné qu’à ce moment, et à l’état dans lequel il a surpris l’âme, comme à la connexion de celui-ci avec la moins riche existence antérieure[1], se rattache toute la vie religieuse, ultérieure, qui en sort pour ainsi dire par développement génétique, il résulte de là que la vie religieuse de cet après à chez chacun sa personnalité propre parfaitement déterminée, de même qu’il en est chez chacun de sa vie humaine.

Quand une particule de la conscience infinie se détache et, devenue être fini, se relie à un moment déterminé dans la série des évolutions organiques[2], à ce moment naît un homme nouveau, un être ayant sa constitution propre, dont l’existence distincte, indépendante de la masse et de la nature objective des événements et des actes de sa vie, consiste, d’une part, dans l’unité de la conscience dont la continuité reste attachée à ce premier moment, d’autre part dans la connexion particulière de toute ultériorité avec une antériorité déterminée, ainsi que dans l’influence de cet antérieur sur la formation de cet ultérieur, au même instant où se produit une prise de conscience déterminée à l’égard de l’Univers, commence aussi une vie religieuse particulière, particularisée non par une irrévocable limitation à un nombre et à un choix déterminés d’intuitions [267] et de sentiments, non par la nature de la substance religieuse qui s’y rencontre et qui est commune à ce croyant avec tous ceux qui sont nés spirituellement

  1. Texte de B ; A disait : conscience psychologique, Bewusstsein.
  2. B ne nous renseigne en rien sur le détenteur de cette « conscience infinie ». Mais C la laisse tomber, et dit : « Quand l’esprit vivant de la terre se détache pour ainsi dire de lui-même ».