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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/309

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devaient être complètes, avec cette différence que, là, il n’est pas posé comme le point central.

Je vous prie de ne pas considérer comme religion tout ce que vous trouvez chez les héros de la religion ou dans les documents sacrés, et de ne pas chercher là l’esprit qui la distingue. Ce que j’entends ici, vous pouvez facilement penser que ce ne sont pas des détails insignifiants, ni de ces choses qui, au jugement de chacun, sont tout à fait étrangères à la religion ; j’entends parler de ce qui est souvent confondu avec elle. Ayez présent à l’esprit combien peu préméditée est la confection de ces documents, et qu’il était impossible de veiller à en écarter tout ce qui n’est pas religion ; tenez compte que ces hommes ont vécu la vie de ce monde dans toute espèce de conditions, et qu’il était impossible que à chaque mot qu’ils prononçaient, ils pussent dire : ceci n’est pas du domaine de la religion. Quand par conséquent ils parlent sagesse de ce monde et morale, ou métaphysique et poésie, ne pensez pas que cela aussi doive être incorporé de force à la religion, et que là-dedans aussi doive être cherché le caractère de celle-ci. La morale tout au moins doit être partout identique[1], et, les religions, [285] qui ne doivent pas être partout identiques, ne peuvent pas se distinguer les unes des autres d’après ces différences de la morale, qui doivent par conséquent toujours être éliminées de la religion.

Mais ce que je vous demande par-dessus tout, c’est de ne pas vous laisser égarer par les deux principes hostiles qui partout, et presque dès les premiers temps, ont cherché à défigurer et masquer l’esprit de la religion. En tout lieu il y a eu de très bonne heure des hommes qui ont voulu compartimenter cet esprit en quelques dogmes distincts, et exclure de la religion ce qui en elle n’avait pas encore été adapté à ces dogmes[2], et il y a eu d’autres hommes qui, soit par haine de la polémique, soit pour rendre la religion plus agréable aux irréligieux, soit par inintelligence ou par ignorance, et faute de sens, décrient tout ce qui a son caractère propre, particulier, en le quali-

  1. Le commentaire no 13 de 1821 retire presque complètement cette affirmation.
  2. Version de C. Le ihm gemäss de A est une inadvertance, qui ne sera corrigée qu’en 1821 par la transformation en zur Uebereinstimmung mit diesen.