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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/118

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quement par la voie morale à l’habitude fréquente de la fausseté et du mensonge chez L’homme, en rehaussant par une considération extraordinaire, en portant vivement à sa conscience l’obligation morale, reconnue par lui, de dire la vérité. Je vais tâcher d’exposer clairement, conformément à mon éthique, le sens purement moral, dégagé de tout accessoire transcendant et mythique, d’une telle mise en relief de ce devoir.

J’ai établi dans le Monde comme volonté et comme représentation, et plus en détail, dans mon Mémoire couronné sur le Fondement de la morale, le principe paradoxal, mais vrai, qu’en certains cas l’homme a le droit de mentir ; et ce principe, je l’ai appuyé sur une base et des explications sérieuses. Les cas prévus étaient d’abord ceux où il aurait le droit d’employer la force contre les autres, puis, ensuite, ceux où on lui adresserait des questions absolument hors de lieu, dont la teneur, qu’il refuse d’y répondre ou qu’il y réponde au contraire très sincèrement, est de telle nature qu’elle serait pour lui une source de danger. Précisément parce que, en pareils cas, on est incontestablement autorisé à ne pas dire la vérité, il faut, dans les circonstances importantes dont la solution dépend de la déclaration d’un homme, comme dans les promesses dont l’accomplissement est d’une grande importance, d’abord que celui-ci affirme on termes formels et solennels qu’il ne rencontre pas ici les cas dont il s’agit ; qu’il sache et se rendu compte, par conséquent, qu’on ne lui fait aucune violence ou aucune menace, et que le droit seul est en jeu ; et, également, qu’il regarde la question à lui adressée comme pleinement autorisée, en ajoutant qu’il est conscient de l’action que sa déclaration va