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Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/121

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PHILOSOPHIE DU DROIT


Les philosophes de l’antiquité ont réuni dans la même idée beaucoup de choses absolument hétérogènes ; chaque Dialogue de Platon nous en fournit des prouves en masse. La plus grave confusion de ce genre est celle entre l’éthique et la politique. L’Ḗtat et le royaume de Dieu, ou la loi morale, sont choses tellement différentes, que le premier est une parodie du second, une amère moquerie de l’absence de celui-ci, une béquille au lieu d’une jambe, un automate au lieu d’un homme.

Les pseudo-philosophes de notre temps nous enseignent que l’Ḗtat se propose de promouvoir les fins morales de l’homme ; mais cela n’est pas vrai, c’est plutôt le contraire qui est vrai. La fin de l’homme — expression parabolique — n’est pas qu’il agisse ainsi ou autrement, car toutes les opera operata, toutes les choses faites, sont en elles-mêmes indifférentes. Non, la fin est que la volonté, dont chaque homme est un complet spécimen, ou plutôt cette volonté même, se tourne où elle doit se tourner ; que l’homme (l’union de la connaissance et de la volonté) reconnaisse cette volonté, le côté effrayant de cette volonté, qu’il se