Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

soit — nous ne pouvons pas refuser la réalité objective, tout au moins de prime abord et sans examen. Même nous pouvons conjecturer, par analogie, qu’un pouvoir de vision qui s’étend à ce qui est réellement à venir et qui n’est pas encore existant, pourrait être aussi bien capable de percevoir comme présent ce qui a été une fois et qui n’est plus. En outre, il n’a pas encore été démontré que les fantômes, dont il s’agit ici, ne peuvent pas arriver à la conscience à l’état de veille. Le plus souvent ils sont perçus dans l’état de somnolence éveillée, donc à ce moment où, encore que rêvant, on voit exactement l’entourage et le présent immédiat : comme là tout ce qu’on voit est objectivement réel, les fantômes qui peuvent apparaître à ce moment doivent être de prime abord présumés réels.

Mais maintenant l’expérience nous apprend, en outre, que la fonction de l’organe du rêve, qui d’ordinaire a pour condition de son activité le sommeil léger ordinaire, ou encore le sommeil magnétique profond, — que cette fonction peut exceptionnellement entrer en jeu même quand le cerveau est à l’état de veille, donc que cet œil, par lequel nous voyons les rêves, peut même parfois s’ouvrir dans l’état de veille. Alors nous avons devant