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Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/264

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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

fort et ayant toute la netteté d’un coup réel. C’est encore des apparitions visuelles sous des formes qui prennent une importance allégorique, et qui ne se distinguent pas de la réalité. C’est encore des apparitions visuelles, que nous voyons se produire, quand un très grand danger menace notre vie, ou bien encore quand nous venons d’échapper, sans le bien savoir, à des dangers de cette sorte. Ces apparitions viennent alors, pour ainsi dire, nous féliciter et nous aviser que nous avons encore devant nous beaucoup d’années à vivre. Mais finalement des visions de cette sorte viendront aussi nous annoncer un malheur fatal. C’est à cette catégorie qu’appartient la vision bien connue de Brutus avant la bataille de Philippes, qui se présente à lui comme étant l’apparition de son mauvais génie. Comme encore la vision, tout analogue, de Cassius de Parme, après le combat d’Actium, que nous rapporte Valerius Maximus (Livre I, ch. vii, § 7). Je m’imagine volontiers que les visions de cette sorte sont ce qui a surtout donné lieu, chez les anciens, au mythe de ce génie, que chacun de nous a pour s’occuper de lui, chez les chrétiens à celui du spiritus familiaris. Aux siècles du moyen âge, on cherchait à expliquer ces visions par les esprits astraux,