lui accordais mes faveurs, il n’avait jamais assez
d’éloges, de flatteries, d’expressions admiratives à
m’adresser pour ce don que m’avait fait la nature et
dont je n’étais en rien responsable, mais dont il
m’était extrêmement reconnaissant. J’ai dû à cette
sensibilité des moments exquis : c’était comme si des
décharges électriques traversaient mon corps. Mais
peut-on dire ces divins divertissements ?… Le sang
fouette les veines, chaque nerf s’émeut, le souffle
s’arrête, tandis que les idées se pressent, s’enserrent
au point de ne plus se sentir exister ! Le souvenir
de ces heures ardentes passées devant un miroir
au fond de ma solitude à Vienne me ravit encore
à un tel point qu’en vous écrivant je crois revivre
tous ces souvenirs dont je ressens encore la plus
vivante impression. Vous verrez à mon écriture trébuchante
combien ces sentiments m’émeuvent. Mon
corps entier tremble de plaisir et de nostalgie. Je
jette ma plume ! et…
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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE