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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/99

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


un plaisir incroyable. Je ne me la permettais qu’une fois par semaine, le dimanche soir, quand je prenais mon bain chaud. Alors, personne n’osait venir me déranger. La salle de bain était tout au bout de l’appartement et n’avait qu’une seule porte, que je recouvrais en outre d’une couverture pour être à l’abri de toute surprise. J’étais en pleine sécurité.

Je lisais le livre en prenant mon bain. Il avait sur moi les mêmes effets que sur Marguerite. Mais qui donc pouvait lire ces ardentes descriptions sans prendre feu et se pâmer ! Une fois essuyée et couchée dans mon peignoir commençait alors pour moi mon paradis pourtant si restreint. Je me voyais en entier dans le grand miroir. Mon plaisir taciturne commençait par l’admiration de chaque partie de mon corps. Je caressais et pressais mes jeunes seins arrondis, je jouais avec leurs bourgeons, puis je promenais mes doigts caressants sur ma chair satinée. Ma sensualité avait fait de rapides progrès. J’éprouvais le plus grand plaisir à cette volupté presque chaste qui me faisait frissonner. J’avais surtout une grande abondance du baume doux et enivrant. Les hommes auxquels je me suis abandonnée dans la suite ont tous été ravis de cette précieuse qualité, ils ne pouvaient assez témoigner leurs délices quand ils s’en apercevaient. Je croyais alors que ceci était commun à toutes les femmes, mais en réalité c’est un don des plus rares. À Paris, un de mes plus ardents adorateurs éprouva la plus douce des surprises quand il s’en aperçut. Dans la suite, lorsque je