Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


103
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


fixaient craintivement mon visage pour voir si je n’allais pas me réveiller. Enfin, comme il continuait à me frôler magiquement, un frisson voluptueux m’inonda quand je sentis pour la première fois une main d’homme, et en même temps les souvenirs de mon enfance m’envahirent. C’était autre chose que tout ce que je connaissais. Je ne jouais plus la comédie quand je me mis à soupirer. Je fis un mouvement, je changeai de position, mais non pas au désavantage de mon pauvre cavalier tout tremblant. Il pensait que j’allais me réveiller ; il put se convaincre que j’étais en pleine léthargie, et il recommença son jeu. Grâce à ma nouvelle position, il avait beaucoup plus d’emprise. Aussi ne se contentait-il plus de me frôler si légèrement : il essayait tout doucement de tout voir. Vous m’avez dit vous-même, quand vous m’examiniez, que malgré la dévastation causée par cette dégoûtante maladie, j’étais très bien conformée. Aussi, pouvez-vous croire que François devint hors de lui, complètement hors de lui, et que même son insurmontable timidité fut tentée ! Il me caressait aussi légèrement que possible ; ces caresses étaient l’objet — et je dois l’avouer — de mes désirs. Je connus la différence entre la caresse d’un homme et celle de Marguerite ou la mienne. Tout en dormant je m’étendais, me mouvais, mais je me gardais bien de changer véritablement de position, ce qui aurait été bien naturel pour une femme endormie. François ne pouvait plus se maîtriser. Il commença fiévreusement à se préparer et je dois dire qu’il m’aurait sûrement conquise sans les