ver qu’il s’était contenté de peu. Il me prouva facilement
ce que je savais depuis longtemps. Il osa la première
caresse qui me procura une tout autre sensation
que durant mon sommeil simulé, car cette fois
il me baisait sur la bouche. Il me serrait contre lui
aussi fortement que possible et me laissait aller peu
à peu, comme cédant à ses caresses. Je soupirais, mes
reproches cessèrent avec mon souffle devenu plus
court, je jouissais avec volupté de ses tendresses. Il
est vrai qu’elles étaient bien franches et inexpérimentées.
Je savais bien mieux faire tout cela et provoquer
le bon moment. Franz ignorait, le pauvret,
que la sensibilité la plus grande se trouve dans le
parvis. Il tâchait toujours de faire le mieux possible,
mais sans savoir de quoi il s’agissait ; cependant il
m’embrassait, et plus il y réussissait, plus il était hors
de lui. Je sentais bien que la nature lui dictait d’aller
jusqu’au bout, de s’unir à moi complètement. Mais
il ne s’agissait pas de cela et jamais il ne devait en
être question entre nous. Je l’avais décidé. Aussi
quand il me pressait trop et qu’il essayait autre chose,
je le repoussais violemment en arrière et le menaçais
de crier au secours. J’étais de nouveau tolérante et
bonne quand il s’écartait effrayé et se contentait de
ce que je lui laissais. J’étais très heureuse de la réussite
de mon plan, bien que cette jouissance fût encore
bien incomplète. J’avais pris ce fiacre pour me remettre
de mon malaise ; notre entretien pourtant ne
me le permettait guère. Enfin, je dus me dépêcher
pour rentrer à l’heure à la maison.
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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE