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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/111

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

Je quittai Franz avec la certitude de le revoir bientôt, et je ne me trompais pas. Il vint, et commencèrent alors une suite d’heures heureuses et sensuelles. Aujourd’hui encore, elles sont mon plus beau souvenir, bien que j’aie depuis connu d’autres voluptés plus intenses et plus riches. Avant de vous raconter la suite, je dois intercaler ici une aventure que j’eus encore ce soir-là et qui me permit de jeter un regard profond dans les conditions de la société humaine ; une fois de plus, j’eus la preuve que toute apparence est trompeuse. Ma vieille parente était déjà dans la quarantaine, c’était une bonne ménagère, un modèle d’ordre, de vertu et d’épargne. Les seuls êtres auxquels elle s’intéressait étaient un canari et un roquet gras et rond qu’elle ne laissait jamais sortir de sa chambre et qu’elle menait elle-même promener dans la journée. Je rentrai plus tard que je ne pensais, la femme de ménage me dit que ma tante était déjà couchée. Je me déshabillai aussitôt, afin qu’elle ne remarquât point ma toilette tant soit peu en désordre, car je voulais encore aller lui souhaiter bonne nuit et lui raconter quelque histoire pour lui expliquer mon retard. Comme je ne voulais pas la réveiller si elle dormait, je regardai par le trou de la serrure pour voir s’il y avait encore de la lumière dans sa chambre. J’aurais attendu tout, excepté le spectacle qui s’offrit à ma vue ! Ma tante était au lit. Elle avait rejeté la couverture, elle tenait son chien, qui était en train de caresser avec la plus grande ardeur les restes de son ancienne splendeur. Ce spectacle