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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/115

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


ces efforts du chien m’amusaient et je le laissais faire ce qu’il voulait. À la fin, il me fit pitié et je me mis à l’aider. L’ardeur avec laquelle il poursuivait son désir ne m’était pas désagréable. Ce que je voyais ne m’intéressait pas outre mesure, car j’ai toujours été fort curieuse de toutes les nouveautés, même les plus singulières. Je compris aussi les scènes étonnantes auxquelles j’avais assisté dans les rues. Je vous avouerai donc que je soulageai ce pauvre animal tourmenté. Je tâchais de le contenter, et c’est avec plaisir que je vis enfin l’aboutissement de mes peines, et j’avoue qu’à ce moment-là il me vint des pensées moqueuses à l’égard de mon cousin.

Loin de ressentir des remords pour une telle perversion de la féminité, j’ajoute que j’ai toujours extrêmement goûté le plaisir d’assister aux accouplements des animaux et de les leur faciliter. Vous avez peut-être raison de dire que ceci est une perversion ou tout au moins un débordement de la sensualité ; mais je dois vous faire remarquer que jusqu’au jour où je vous ai fait, à vous tout seul, l’aveu de ma grossesse et de ma contamination, j’ai toujours eu le renom d’être une fille très vertueuse. Donc mes goûts n’ont offensé personne et je n’ai fait de mal à personne. Tout ce qui a trait à l’union intime de deux êtres a toujours exercé un charme étrange, irrésistible sur moi, — sans jamais me pousser à des actes déraisonnables. J’ai goûté à peu près tout, mais je n’en ai jamais parlé ; et ce n’est que dans les relations les plus intimes que j’ai dévoilé ma véri-