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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/134

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


étendues, elle endormie, moi de plus en plus éveillée et impatiente. J’avais éteint la lampe et j’attendais avec émotion si ma ruse allait réussir. Tout à coup, j’entendis crier le plancher de l’alcôve, un bruit comme de pas assourdis ; puis la porte s’ouvrit, j’entendais respirer, se déshabiller et enfin on s’approcha du lit, du côté de Roudolphine. Maintenant j’étais sûre de moi et je feignis dormir très fortement. Le prince, car c’était lui, souleva la couverture et se coucha auprès de Roudolphine, qui s’éveilla aussitôt, épouvantée. Je la sentais trembler de tout le corps. Maintenant, la catastrophe. Il voulut monter immédiatement sur le trône qu’il avait tant de fois possédé. Elle se défendait ; elle lui demanda hâtivement s’il n’avait point reçu sa réponse. En voulant continuer ses caresses, il toucha ma main et mon bras. Je criai ; j’étais hors de moi. Je tremblais, je me pressais contre Roudolphine. Je me divertis beaucoup de la peur de Roudolphine et de l’étonnement du prince. Le prince avait poussé un juron italien, et Roudolphine dut bien vite se taire quand elle voulut me faire croire que c’était son mari qui venait tout à coup la surprendre. Je l’accablai de reproches d’avoir exposé ma jeunesse et mon honneur à une scène aussi terrible, car j’avais reconnu la voix du prince. Le prince, en parfait galant homme, compris bientôt qu’il n’avait rien à perdre, mais, au contraire, qu’il gagnait un intéressant partenaire. C’est justement ce que j’attendais de lui. Avec des mots tendres et plaisants, il rendit naturelle notre étrange aventure. Il