Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


130
L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


pitai au jardin. Je découvris facilement le billet, caché sous une pierre. Enfermée dans ma chambre, je lus :

« Pas aujourd’hui, Pauline dort avec moi. Je lui dirai demain que je suis indisposée. Pour toi, je ne le suis pas. Viens demain, comme d’habitude, à onze heures. »

Le billet était en italien et d’une écriture contrefaite. Vous pensez bien que je compris tout. Mon plan était déjà fait. Je ne remis point le billet à sa place. Ainsi le prince devait venir cette nuit et nous surprendre toutes les deux au lit. Moi, l’innocente, j’étais en possession de son secret et je sentais bien que je n’en sortirais pas les mains vides. Il est vrai que j’ignorais encore comment le prince parviendrait jusqu’à la chambre à coucher de Roudolphine. À déjeuner, nous avions convenu de passer la nuit ensemble, c’est pourquoi elle avait refusé la visite du prince. Au thé, elle me fit comprendre que nous ne coucherions pas ensemble de la huitaine, car elle sentait approcher l’époque de son indisposition. Elle pensait me tromper et je l’avais depuis longtemps dans mes liens. Avant tout, il s’agissait de la faire aller au lit avant onze heures, afin qu’elle ne trouvât pas moyen d’éviter au dernier moment la surprise que je lui réservais. Nous allâmes de très bonne heure au lit et je fus si folâtre, si caressante et si insatiable qu’elle s’endormit bientôt de fatigue. Poitrine contre poitrine, nos respirations juvéniles mêlées, les mains entrelacées, c’est ainsi que nous étions