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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/145

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


dit au prince que je consentais et que j’étais prête à tout, mais que je voulais encore me convaincre de l’efficacité du moyen employé, et qu’elle voulait se soumettre à un essai devant moi. Je vis bien que le prince ne s’attendait pas à une telle offre et qu’il aurait préféré faire cet essai avec moi plutôt qu’avec Roudolphine, Pourtant il n’y avait rien à faire contre cette proposition. Roudolphine fit donc tous les préparatifs nécessaires pour se garantir contre les conséquences du baiser masculin, puis elle se livra au prince impatient, en me recommandant de rester attentive à l’opération.

La recommandation était superflue : le spectacle était vraiment superbe de ces deux êtres, beaux et jeunes, s’aimant avec fougue, avec puissance, entraînés par leur passion et par les forces aveugles de la nature. Leurs soupirs annoncèrent l’extase.

Roudolphine ne relâcha pas l’étreinte de ses bras avant d’avoir retrouvé ses esprits ; alors, avec un visage rayonnant, elle retira le domino et me montra, triomphante, qu’il avait rempli son but. Elle se donna une peine inimaginable pour me faire comprendre ce que Marguerite m’avait déjà si bien expliqué ; mais je n’avais jamais su me procurer ces engins, que Franz aussi aurait pu employer. Roudolphine débordait de joie, elle m’avait montré sa suprématie, elle avait obtenu les prémices du prince qui, certainement, attendait un autre plat, ce soir-là. Je décidai de prendre ma revanche quelques instants plus tard. Le prince était extrêmement aimable. Au lieu de