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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/148

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


et confiant. Les subterfuges qui laissent croire à la virginité sont nombreux et précis ; toute femme un peu expérimentée le sait, et l’étude des mœurs de tous les pays, de l’Orient à l’Occident, nous donne à cet égard des renseignements suggestifs. Assez philosophé !

D’ailleurs il est temps que je me réveille de mon évanouissement ! J’avais fait à ma volonté ; il s’agissait maintenant de jouir sans sortir de mon rôle de fille séduite. Le principal était fait ! Le prince et Roudolphine prenaient un plaisir particulier à me consoler, car ils étaient convaincus d’initier une novice ! Les rideaux furent tirés et un jeu indescriptible et charmant commença. Le prince fut assez honnête pour ne pas parler d’amour, de langueur et de nostalgie. Il n’était que sensuel, mais avec délicatesse ; car il savait que la délicatesse pimente les jeux d’amour. Je faisais toujours semblant d’avoir été violée, mais je n’apprenais que plus vite tout ce que l’on m’enseignait. Et le professeur était savant, bien doué, tumultueux dans ses désirs comme dans ses gestes. La théorie et la pratique avaient chacune leur tour : la première était un piment de tout premier ordre pour préparer les satisfactions encore un peu douloureuses de la seconde. Vous comprenez que je ne puisse pas oublier cette nuit incomparable ! Le prince nous quitta bien avant le jour, et nous nous endormîmes, étroitement enlacées, jusqu’à midi passé.


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