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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/153

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


la confidente de Roudolphine et du prince, je crus ma pruderie hors de mise et j’avouai à Roudolphine, non sans feindre de rougir, que les ébats de la nuit passée et que les enlacements du prince m’avaient fait grand plaisir. Roudolphine m’embrassa très tendrement pour cet aveu. Elle était encore toute ravie de m’avoir initiée dans les mystères de l’amour, d’avoir été ma maîtresse et de m’avoir procuré une jouissance que je ne devais, au fond, qu’à ma propre ruse.

Le soir, le prince ne nous fit pas inutilement languir. Il partageait ses caresses également entre Roudolphine et moi. Ma vanité me disait que, malgré cette neutralité apparente, il me préférait de beaucoup à Roudolphine. Roudolphine lui était coutumière ; j’avais pour lui l’attrait de la nouveauté et du changement, ce qui est, ainsi que vous le savez bien, le piment du plaisir, tant pour les hommes que pour les femmes. D’ailleurs, je ne pris pas encore ma revanche. Roudolphine obligea le prince à lui sacrifier les prémices de sa force. Le prince, pour être juste, s’efforça de me compenser de cette perte. Mais à quoi bon vous raconter cette nuit dans tous ses détails : je devrais vous répéter les mêmes choses, ce qui serait fatigant pour tous les deux. Votre imagination, vu mes précédentes confessions, est maintenant capable de se composer ces scènes.

Indubitablement, le premier amour d’un adolescent inexpérimenté a un grand, un immense charme pour une femme. Être sa maîtresse, le conduire pas à