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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/154

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


pas, l’initier aux doux secrets du plaisir et lui en faire connaître toute la profondeur ! L’autorité que la femme exerce alors sur l’homme flatte sa vanité. Et les caresses naïves et gauches d’un jeune homme ont un charme particulier. Mais la femme ne goûte qu’entre les bras d’un homme expérimenté le contentement sensuel le plus parfait. Il doit connaître tous les secrets de la volupté et tous les moyens de la renouveler et de l’augmenter. Le prince était ainsi. Et si vous pensez qu’à ce raffinement sensuel, qu’à la force de sa nature physique il joignait la plus parfaite délicatesse, qu’il ne brutalisait jamais la femme qui s’abandonnait à lui, qu’il semblait toujours avoir en vue le seul plaisir de la femme et qu’ainsi il jouissait doublement, vous aurez une idée de ce que devaient être les jeux voluptueux de ces nuits taciturnes.

Le dimanche suivant arriva, comme d’habitude, le mari de Roudolphine. Le prince fut invité à dîner. À Vienne, le prince fréquentait beaucoup la maison du banquier ; mais à Baden il se montrait rarement dans la villa de Roudolphine pour ne pas éveiller de soupçons. Depuis que j’étais mêlée à leur secret, je ne l’avais vu que la nuit. Alors il ne connaissait aucune contrainte, le lieu et le but de mon rendez-vous le voulaient naturellement.

Malgré ma force de caractère, j’avoue que je ne vis pas le prince sans violents battements de cœur. Il entra dans la salle à manger, et je crois bien qu’une vive rougeur inonda mon front malgré mes efforts.