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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/157

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


même me secouer. Du premier coup d’œil je vis que le prince avait oublié sa montre sur le lavabo. Roudolphine l’avait aussi vue ; elle comprit immédiatement avec qui j’avais passé la nuit et elle connut la cause de mon profond sommeil. Elle me fit de violents reproches sur ma légèreté, qui aurait pu la compromettre aux yeux de son mari. Je lui déclarai avec calme que je ne savais pas comment j’aurais pu la compromettre, vu que son mari, qui m’avait fait la cour, ne pouvait pas me reprocher de permettre libre accès au prince. Tous mes raisonnements n’arrivèrent pas à la calmer. Je compris que son humeur ne découlait pas autant de la crainte d’avoir été compromise que de sa jalousie. Elle enviait les caresses de feu que je venais de goûter, elle qui n’avait pu trouver compensation dans les embrassements froids de son mari.

Le soir suivant, lorsque nous fûmes de nouveau ensemble tous les trois, je vis bien que mes suppositions étaient justes. Roudolphine mit tout en train pour me ravaler aux yeux du prince, elle tâchait de le capter entièrement. Je pris et trouvai ma revanche quand Roudolphine eut ses époques, qui, d’après la loi juive, lui interdisaient toute relation avec l’homme. Le prince ne s’occupait que de moi et en présence de Roudolphine. Cette circonstance mit le comble à sa jalousie. Elle n’aimait pas le prince ; pourtant cette préférence marquée la blessait. Aussi je ne fus aucunement surprise de voir Roudolphine changer de conduite et devenir plus froide. Un jour