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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/156

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


quoi l’amitié de cet homme m’était très précieuse, moi qui recherchais aussi le plaisir sans vouloir donner mon cœur.

Nous prîmes le café au jardin. Le prince offrit son bras à Roudolphine et le banquier m’offrit le sien. Comme les deux hommes s’étaient éloignés un instant pour parler affaires, Roudolphine m’exprima les regrets que la venue de son mari lui causait en interrompant nos plaisirs nocturnes.

Si Roudolphine avait l’intention de me condamner cette nuit-là à la continence, cela ne s’accordait pas avec mes intentions. Dès l’arrivée du banquier j’avais décidé d’avoir le prince pour moi seule cette nuit. Je ne savais pas comment lui faire comprendre que si Roudolphine renonçait à sa visite, j’y tenais d’autant plus. Le prince me murmura lui-même à l’oreille que je pouvais l’attendre, malgré la présence du mari de Roudolphine. Je n’avais qu’à lui donner la clé de ma chambre à coucher. Une demi-heure plus tard, la clé était entre ses mains.

Le prince pénétra peu après minuit dans ma chambre et je passai des heures ravissantes entre ses bras. Il m’assura qu’il me préférait, sous tous les rapports, à Roudolphine. La chaleur de ses baisers et la force énergique de ses caresses me prouvaient qu’il ne tenait pas seulement à flatter ma vanité féminine. Le prince était très excité ; il était insatiable. Malgré tout le plaisir qu’il me procura, j’étais si épuisée que je m’endormis aussitôt qu’il m’eut quittée. Je ne me réveillai que quand Roudolphine vint elle-