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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/17

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


d’obtenir toutes les marques de faveur qu’un homme peut désirer, vous connaissiez mon tempérament, et j’avais un faible pour vous.

Les occasions ne nous ont pas manqué et j’ai souvent admiré votre maîtrise sur vous-même. Je sais que vous êtes tout aussi sensible que moi sur ce point ; vous m’avez souvent répété que j’ai l’œil pénétrant et que je possède beaucoup plus de raison que la plupart des femmes. Ceci est votre conviction ; sinon vous ne m’exposeriez pas votre étrange désir de vous communiquer sans ambages et sans fausse honte féminine (que je crois moi-même affectés) mes expériences et ma conception du penser et du sentir de la femme par rapport au plus important moment de sa vie, l’amour et son union à l’homme. Votre désir m’a d’abord beaucoup gênée ; car — laissez-moi commencer cette confession par l’exposé d’un trait bien féminin et très caractéristique — rien ne nous est plus difficile que d’être entièrement sincères avec un homme. Les mœurs et la contrainte sociale nous obligent dès notre jeunesse à beaucoup de prudence et nous ne pouvons être franches sans danger.

Quand j’eus bien réfléchi à ce que vous me demandiez et surtout quand je me fus rappelé toutes les qualités de l’homme qui s’adressait à moi, votre idée commença à m’amuser. J’essayai alors de rédiger quelques-unes de mes expériences. Certaines choses qui exigent une sincérité absolue et qu’il n’est justement pas coutume d’exprimer me faisaient encore hésiter. Mais je me fis effort, pensant vous faire