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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/171

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


coup plus torturante que la mort par le feu. Je voulais étudier la théorie de la volupté animale, puis l’appliquer à la pratique. Mon mari m’avait fait cadeau de quelques-uns de ces ouvrages qui en traitent, ainsi les Mémoires d’une Anglaise, de Fanny Hill, les Petites fredaines, l’histoire de Dom Bougre, le Cabinet d’Amour et de Vénus, les Bijoux indiscrets, la Pucelle de Voltaire et les Aventures d’une Cauchoise.

« Il m’en avait lu une partie pour nous disposer tous les deux au plaisir. Il ne manquait jamais son but et me trouvait prête à faire toutes les cochonneries qu’il désirait. Mais il ne m’avait jamais montré le livre de Sade, qu’il croyait trop dangereux. Après sa mort, je le découvris au fond d’une armoire à double fond. Je me mis à le lire. Mon impatience me poussait à connaître le sens des illustrations. Je lus avant tout les scènes les plus épouvantables. Par exemple, la torture des femmes, la scène de la ménagerie, l’aventure du mont Etna, les flagellations, les viols de garçons, les scènes à Rome, celle où le marquis de Sade se jette, revêtu d’une peau de panthère, entre des femmes et des enfants nus et mord un garçonnet jusqu’à le tuer, enfin la description des orgies où deux femmes sont guillotinées, les bestialités, etc., etc.

« Maintenant, je commençais à comprendre Duvalin. Ce livre pouvait avoir une double influence, suivant le tempérament du lecteur ou de la lectrice, suivant leur sensibilité et leur esprit. Duvalin en était blasé ; moi, j’étais saisie de dégoût. Il me coûta tant d’efforts pour terminer cette lecture que j’étais déjà