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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/175

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

M. de R… me pressait d’accepter ; le baron de O… joignait ses prières à celles de l’intendant, et je lisais dans les yeux d’Arpard de ne point refuser. Ce regard me décida et j’acceptai. L’intendant sortit aussitôt un contrat, fait en double, de sa poche ; il me lut le tout et je donnai ma signature.

Je prenais l’engagement de jouer à Budapest aussitôt que mon contrat francfortois serait périmé. On m’autorisait cependant à donner six représentations de gala à Vienne. Je débutais justement à la morte saison.

Le provisorium régnait alors en Hongrie ; il n’y avait pas encore de Diète de l’Empire, bien qu’on parlât d’en convoquer une pour l’année suivante.

Le gouvernement autrichien commençait à céder. Il se rendait compte qu’un système d’esclavage n’était pas favorable à la Hongrie.

Ô mon Dieu, je me suis laissé entraîner à parler de politique, moi qui n’y ai jamais rien compris !

Je quittai Francfort au mois de juillet. Avant de venir ici, je m’étais fait photographier chez Augerer. Je ne ressemblais plus du tout à ce portrait. Mes traits étaient plus accentués ; mais je semblais beaucoup plus jeune que je n’étais en réalité. Des médecins et des hommes et des femmes de mes amis m’ont souvent répété que j’étais peu développée pour mon âge. Je me souviens très bien de l’aspect qu’avait ma mère quand je la surpris au lit, le jour de l’anniversaire de mon père. Quelle différence entre elle et moi ! Mes cuisses n’étaient alors pas aussi fortes et charnues que ses bras. Chez elle, on ne soupçonnait même