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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/180

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


faire ces photographies, auxquelles il avait ajouté un texte scandaleux en vers. Ces images se répandaient par la photographie, car il n’avait pu trouver un imprimeur qui voulût s’en charger.

J’étais très heureuse de m’être réconciliée avec Roudolphine ; ses visites me gênaient pourtant, car elle avait une mauvaise réputation.

J’étais impatiente d’aller à Budapest, et je ne perdis pas un jour, après la fin de mes représentations.

J’y arrivai durant la grande foire annuelle, la semaine la plus animée de la morte saison. La foire dure une quinzaine de jours ; on l’appelle le marché de la Saint-Jean ou le marché aux melons, car le marché est alors encombré de ces fruits succulents.

Je m’étais procuré un vocabulaire hongrois-allemand et un manuel de la langue magyare.

En arrivant à Budapest, j’envoyai immédiatement ma carte à M. de R… Il fut assez aimable pour me rendre tout de suite visite. Son neveu Arpard l’accompagnait. Les yeux de l’adolescent rayonnèrent en me voyant.

Je fus très étonnée de voir ces deux messieurs entrer dans le costume de fête des Hongrois. J’appris plus tard que le costume national était à la mode.

M. de R… me conseilla de me procurer également le costume national. Le fanatisme était si vif que des hommes et des femmes qui s’opposaient à cette mode avaient été insultés par des jeune gens. Membre du théâtre national, on l’exigeait tout particulièrement de moi. Je trouvais cela abusif. On n’en disait

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