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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/194

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


et allâmes au rond-point. Devant le tir, à la sortie du petit bois, était un fiacre. Le cocher était sur son siège. Arpard lui demanda de nous mener immédiatement en ville, contre un bon pourboire. Il lui indiqua la place de Saint-Joseph. Il voulait cacher au cocher qui j’étais et où je demeurais. Moi aussi j’étais devenue prudente et j’avais descendu ma voilette. Le cocher accepta pour un florin d’argent. Nous montâmes dans le fiacre, qui partit au galop. Le cocher devait être de retour peu après minuit : il avait amené des jeunes gens au tir et il n’était pas libre.

Nous descendîmes à la place de Saint-Joseph. Ce n’était plus bien loin jusqu’à l’hôtel. J’entrai la première ; il alla chercher les clefs et je l’attendis devant ma porte. Il m’apporta la clé au bout de quelques minutes. Le portier dormait. Personne ne nous avait vus rentrer.

J’étais lasse. J’avais les jambes rompues d’avoir supporté tant de délicieuses fatigues ; Je tenais à aller dormir. Je me couchai immédiatement. Arpard aussi semblait las : il avait supporté les mêmes fatigues. Je lui conseillai de se refaire des forces et d’aller se coucher. Il aurait bien voulu rester, mais il fut assez délicat pour me quitter, après m’avoir encore une fois embrassée avec passion.

Je ne veux pas vous raconter toutes nos luttes d’amour à cette conquête du royaume de Cythère ; je devrais me plagier moi-même et me répéter sans cesse. Cela vous ennuierait. Arpard m’avoua qu’il avait acheté à Francfort, chez un bouquiniste, les Mémoires