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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/195

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


de M. de M…, et que c’est là qu’il avait appris les théories des plaisirs de l’amour. Il me dit encore que, plusieurs fois, il avait été sur le point d’apporter ses prémices à une hétaïre, que seule la crainte de l’infection l’avait retenu ; aussi c’était un grand bonheur que je fusse venue en Hongrie.

Le premier soir, j’avais négligé toutes les mesures de précaution que j’employais ordinairement. Dans la suite, j’eus de nouveau recours à ces mesures de prudence. Je voulais être à l’abri de toute surprise. Parfois, je les négligeais quand même ; mais nos relations n’eurent néanmoins aucune suite funeste. Comme vous êtes médecin, vous saurez expliquer ce phénomène.

Mon bonheur ne fut pas de longue durée. Au mois d’octobre, Arpard reçut un emploi loin de Budapest et dut partir. Ses parents habitaient dans cette contrée, et son père était un homme si sévère qu’Arpard n’osa pas s’opposer à sa volonté.

Au mois de septembre, j’avais loué un appartement dans la rue de Hatvaner, dans la maison des Horvat. Je ne faisais pas ma cuisine, je me faisais apporter mes repas du casino. C’était beaucoup plus avantageux pour moi. Je n’avais pas besoin d’inviter mes collègues à dîner, comme j’aurais dû le faire si j’avais eu un ménage, car les Hongrois sont très hospitaliers. Les acteurs, les chanteurs, les comédiennes et les cantatrices s’invitaient réciproquement et vivaient aux crochets des uns et des autres.

Je pris une maîtresse de hongrois, une actrice, que