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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/201

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

— Il y a très peu de femmes qui connaissent la volupté de la douleur, et surtout les verges ou le fouet, dit-elle. Parmi les nombreuses prisonnières qui sont condamnées à recevoir le martinet, il n’y en a pas une qui n’en aurait pas peur. Jusqu’à présent, je n’ai rencontré que deux filles qui ressentissent cette volupté. L’une était une prostituée de Raab, elle avait commis plusieurs vols rien que pour être fouettée. Sa volupté s’augmentait encore d’être punie publiquement. Elle était très fière d’être appelée putain. Quand elle recevait des coups, elle criait et se lamentait ; mais, de retour dans sa cellule, elle se déshabillait, regardait dans le miroir ses chairs horriblement meurtries, tandis qu’elle paraissait pleine de volupté. Durant l’exécution, au milieu de la vive douleur, elle avait les déversements les plus voluptueux. L’autre, je viens de la découvrir, ici, en ville. Elle se trouve à la Conciergerie et reçoit trente coups de martinet par trimestre. Celle-ci ne crie jamais ; son visage exprime plus de volupté que de douleur. Auriez-vous envie d’assister à l’exécution de cette fille ?

J’hésitais. J’avais peur que M. de F…, gouverneur de la ville, ne l’apprît. Je le connaissais bien, il était un de mes adorateurs. Anna — je l’appelle ainsi puisque Mme de B… la nommait ainsi — m’assura que M. de F… n’en saurait rien ; que Mme de B… et d’autres dames y assisteraient, quelques-unes de la plus haute aristocratie, comme les comtesses C…, K…, O… et V… ; que je pouvais très bien passer