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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/200

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


priée de tout me raconter, elle laissa toute contrainte. Alors je vis que cette femme était tout autre qu’elle ne semblait en société. Elle avait une étrange philosophie, qui ne s’occupait que d’amener aux sens une nourriture toujours nouvelle. Elle me parut un Sade femelle. Elle eût été capable de faire tout ce qui était dans le livre. J’en eus bientôt des preuves, ainsi que je vais vous le raconter.

Nous parlions de quelles façons on peut pimenter la jouissance sexuelle de la femme. La sensibilité des parties sexuelles s’émousse à la longue et il faut avoir recours à des moyens artificiels pour la ranimer.

— Je ne conseillerais jamais à un homme de faire tout ce que j’ai fait, me disait-elle. Il n’y a rien de plus dangereux que la surexcitation pour un homme ; cela l’énerve et le rend impuissant. L’imagination lui remplace mal et rarement ce qu’il a prodigué. Chez la femme, par contre, l’imagination augmente l’excitation et le plaisir. N’avez-vous jamais essayé de vous faire légèrement battre avec des verges durant le plaisir ?

Je dois vous dire qu’avec Mme de L… il était inutile de mentir. Elle reconnut, dès sa première visite, jusqu’à quel degré j’avais été initiée aux mystères de l’amour. Mais je n’avais rien à craindre, car elle partageait mes opinions concernant le secret de ces choses et la dissimulation des femmes. Je lui dis que j’avais essayé une fois, mais que la douleur avait été si forte que j’y avais renoncé. Elle éclata de rire.