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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/205

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


gauche, tandis que la droite jouait à repousser les mèches rebelles qui faisaient paraître petit mon front, que j’ai naturellement haut et large. Ma tête me brûlait comme si elle avait été pleine d’explosifs. L’odeur qui emplissait la pièce était extrêmement voluptueuse ; ce parfum m’était plus agréable que celui des fleurs les plus rares. Il m’enivrait.

Anna s’était agenouillée de son côté et s’amusait maintenant à tresser des nattes avec les beaux cheveux de la fille. Elle avait assez de cheveux pour qu’on pût ainsi tresser quatre nattes grosses comme un bras de femme et qui tombaient jusqu’au mollet. Ce chatouillement excitait la petite, elle s’agitait de plus en plus et la crise approchait. Anna lui tirait parfois les cheveux, et comme elle avait les chairs déjà meurtries, cela augmentait ses sensations douloureuses.

— Oh ! mon Dieu ! criait la fille voluptueuse, c’est trop fort ! je ne puis plus rien supporter, je vais me trouver mal…

Anna éclata de rire et je fis comme elle, qui riait à se tordre. La fille aussi riait, mais avec un peu de honte, et Anna maintenant lui tirait les cheveux assez rudement, mais la fille n’en paraissait pas mécontente et j’aurais tout donné au monde pour savoir si son contentement était feint ou non. Mais il me fut impossible de lire ce qui se passait exactement dans le cerveau de cette fille et il est bien possible, après tout, qu’elle-même n’aurait rien su y démêler.

C’est ainsi que se termina ce jeu charmant et inou-