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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/215

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


Je n’arrivais pas à la faire tenir en place tant elle était pétulante. Cette vivacité me plaisait surtout, je suis vive moi-même, mais loin d’atteindre à ce mouvement perpétuel. On eût dit du vif-argent.

— Je vous aime ! me disait Rose. Je n’y tiens pas. Je préfère vous aimer, vous, qu’un homme.

Roudolphine m’avait fait un cadeau à Vienne, et je n’en avais pas encore essayé. Il était de construction nouvelle et disposé pour servir à deux êtres. C’était le moment ou jamais d’utiliser ce cadeau de mon ancienne amie, qui sans doute ne se souvenait plus du don qu’elle m’avait fait et qui, si par hasard elle s’en souvenait, ne voudrait jamais croire que j’avais oublié de m’en servir ou plutôt que je n’en avais jamais eu l’occasion.

Après avoir pris le bain et ne nous être permis que des badineries sans importance, nous retournâmes à la maison. Anna et Nina nous attendaient déjà. La première avait commandé un succulent souper au champagne. Elle avait apporté ce qu’il lui fallait et me dit que peut-être j’allais aussi connaître l’agrément de la douleur.

La chambre était bien chauffée, nous ne risquions rien à nous mettre à l’aise. Anna le fit aussi. Mais je ne remarquai point ses charmes flétris, car elle se mit tout de suite sous la table en disant qu’elle allait faire le chien. Cela nous fit rire, et j’en ris encore quand j’y pense. Elle faisait « houao, houao. » comme un roquet, et de temps en temps frappant vite sur le sol avec sa main, elle faisait semblant de courir vite