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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/218

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE

Je dis à Nina que nous pourrions imiter le chant des oiseaux avec la voix de tête, cela serait aussi agréable.

C’est alors qu’eut lieu la scène principale : nous formions un groupe, comme les Romains en ont représenté sur les camées et dans les bas-reliefs. Nina s’étendit près de moi. Elle sifflait d’une façon merveilleuse. Je caressais en chantant les cheveux de Rose. Je chantais toutes sortes d’airs célèbres en continuant mes caresses. Nous recommençâmes en chœur. Cette fois, la partie dura plus longtemps. Nina donnait plus de force à ses sifflets. Anna imitait le corbeau et les oiseaux de nuit. Nous commencions à nous fatiguer. Je regardais Rose. Elle était sur le point de s’endormir. Je l’implorais pour qu’elle ne dormît point. Je lui criais : « Ne dors pas jusqu’à l’aube ! » et elle ouvrit les yeux. Enfin, nous gravîmes le suprême degré. Je perdis connaissance. De la joie partout, mes membres me picotaient. Nina et moi nous n’avions vraiment pas la moindre velléité de sommeil.

Je ne sais pas combien dura cette extase, que j’appellerai un évanouissement. Quand je revins à moi, Anna et Nina étaient sorties. Les assiettes étaient sur une chaise, près du lit. Les femmes avaient descendu la lampe, une faible lumière régnait dans la chambre. Rose dormait profondément ; sa jambe gauche hors du lit, le pied ou plutôt ses doigts de pied touchaient le sol. Parfois, elle soupirait voluptueusement. Elle m’étreignait de son bras gauche ; le