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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/217

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


éclat était naturel. Je me souviens d’avoir vu une gerbe de roses du Bengale, non véritables, mais issues de ce procédé, qui étaient la plus belle chose qu’on pût voir, et aussi la chose la plus fragile, car les pétales de cire se brisent facilement, et il faut bien des précautions pour les conserver.

Cette occupation était aussi agréable que l’action de faire le chien. Pour moi, je tremblais d’impatience. Anna m’aidait. Nina cessa aussi cette imitation dans laquelle elle excellait. Rose s’étendit sur le lit. Je la regardai longuement. Je prenais ainsi un nouveau rôle. Je l’embrassais, je caressais ses épaules aveuglément et avais pris une de ses mains dans les miennes pour lui donner confiance en son époux d’un instant.

Nina se mit enfin en place devant sa table pour reprendre son agréable occupation de fleuriste. Rose poussa un faible cri de fatigue. Anna lui caressait la tête. Elle la berçait comme on fait aux petits enfants. Elle chantait une berceuse lente et d’une mélodie très belle. Tout à coup, j’entendis un sifflement : c’était Nina qui se mettait à siffler comme un homme. D’ailleurs elle sifflait très bien et avec beaucoup de force, imitant toutes sortes d’oiseaux, le merle, le rossignol, la mésange. Nous étions ravies.

« C’est dommage que vous ne sachiez pas siffler comme moi, dit Nina, cela ferait un beau concert, comme on en entend parfois dans les bosquets durant la belle saison. Enfin, je vais siffler seule. On ne peut pas rester tranquille avec vous. »