Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


232
L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


sur sa fidélité, il y en avait une troisième dont il ne m’avait pas parlé : chaque femme qui se livrait à lui devait être complètement nue. Quand une femme accorde tout à un homme, il n’y a pas de raison pour qu’elle ne le fasse complètement et en parade, c’est-à-dire nue. Et la comtesse avait accepté.

Je ne sais pas si je me serais jamais abandonnée de cette façon, même si j’avais été passionnément éprise. Je suis très libre sur ce point ; pourtant je ne puis me passer d’une certaine pudeur qui, innée ou apprise, me domine. Je ne sais pas si cette retenue est naturelle à la femme ou si ce n’est qu’un résultat de notre éducation. Anna me dit en outre que Ferry participait sûrement à l’orgie qui devait avoir lieu chez Rési Luft : il y avait été invité par trois dames. Il ne l’avait pourtant pas promis, car c’était contraire à ses principes.

Le soir où l’orgie devait avoir lieu approchait. Anna, Rose et Nina m’aidaient à terminer mon costume. Il était d’une soie bleue ciel, très lourde, avec des entre-deux de gaze blanche et surchargé de fleurs d’or brodées. Cette toilette était charmante et pleine de goût. Elle m’allait parfaitement et était en outre excitante au possible. J’avais de mignonnes sandales de velours cramoisi, également brodées de fleurs d’or. Ma collerette était en dentelle ruchée, ainsi que la portaient les dames du xvie siècle, et ainsi qu’est représentée Marie Stuart dans ses portraits. Les manches m’arrivaient au coude, elles étaient taillées en pointe et chamarrées de broderies d’or. Un châle indien tissé