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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/245

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


au lit. Elle dormit jusqu’à quatre heures de l’après-midi.

Le souper fut en tous points digne de l’orgie. Plusieurs personnes s’endormirent sur la table. Il n’y avait plus que Ferry et encore deux ou trois autres messieurs capables de se tenir décemment. Les autres laissaient tristement pendre la tête. Puis on distribua les prix. Ferry fut proclamé roi, puis vint le monsieur qui avait joué si bien de l’harmonica ; puis un autre, qui avait distribué beaucoup de bonbons. Ma rivale, la princesse O…, que j’avais trouvée en compagnie de Ferry, l’avait bel et bien perdu. Je voulus le convaincre de boire jusqu’à être ivre, mais il refusa. Pourtant je réussis à le faire boire de l’eau-de-vie. L’orgie se termina à quatre heures du matin.

Ferry et moi, Vénus et quelques autres dames rentrâmes à la maison ; les autres étaient ivres et passèrent la nuit chez Rési Luft.

En général, j’avais remarqué que les pensionnaires de notre hôtesse s’étaient le mieux conduites. Elles se faisaient prier par les messieurs avant de prendre part à ce qui se faisait. Léonie seule y faisait exception ; mais on racontait d’elle qu’elle appartenait à la noblesse, qu’elle était d’une vieille famille viennoise, qu’elle avait quitté ses parents pour se vouer à cet infâme métier et qu’elle était venue directement chez Rési Luft.

Ferry m’accompagna chez moi. Rose était encore debout, elle n’alla se coucher que quand je le lui eus dit. Ai-je besoin de vous dire que pour Ferry et moi la guerre d’amour n’était pas encore terminée ?