Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


253
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


de fer ou le bateau à vapeur ; nous employions la voiture de Ferry ou la poste. Nous arrivâmes vers huit heures à Nessmely. Nous quittâmes alors la grande route, nous traversâmes Igmann et continuâmes notre voyage au sud-ouest. Nous arrivâmes vers midi dans la fameuse forêt de Bakony. Nous entrâmes dans une auberge au milieu de la forêt. La table était déjà dressée pour moi. Quelques hommes à sinistre figure étaient dans la cour et dans la chambre de l’auberge. Ils étaient armés de fusils, de pistolets et de casse-têtes. Je pensais que c’étaient des voleurs et j’étais un peu inquiète. Ferry s’entretenait avec eux en hongrois. Je lui demandai qui ils étaient ; il me répondit qu’ils étaient de pauvres diables. Il ajouta que je n’avais rien à craindre. L’après-midi, nous remontâmes dans notre voiture ; cinq hommes à cheval précédaient notre voiture, les autres étaient partis en avant.

Nous n’avancions plus aussi rapidement. Le chemin était défoncé, nous étions forcés d’aller un moment à pied. Enfin, nous arrivâmes au plus épais de la forêt. Ferry me proposa de faire une petite promenade, et la voiture se dirigea vers une maison que l’on voyait entre les arbres et qui avait l’apparence d’une auberge. Les brigands nous précédaient en écartant les branches. Au bout d’une heure, deux hommes vinrent à notre rencontre : l’un, de trente-quatre à trente-cinq ans, taillé en hercule, le visage sauvage et pourtant régulier ; l’autre, un adolescent de vingt ans, aussi beau qu’Adonis. Ils faisaient aussi partie de la bande. Ferry me les présenta ; puis il me