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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/257

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


dit que j’allais goûter l’amour avec ces deux hommes, que je n’avais rien à craindre d’eux, qu’ils ne savaient pas qui j’étais et qu’ils n’avaient aucune relation avec le monde extérieur.

Nous nous arrêtâmes dans une clairière. Une source assez profonde et large la traversait. L’hercule se mit à l’aise aussitôt ; le jeune homme rougissait, hésitait ; quand Ferry le lui eut commandé péremptoirement, il suivit l’exemple de son camarade. Ferry me dit que je devais donner libre cours à mes sensations ; que plus je serais passionnée, plus je lui ferais plaisir. Je connaissais ses pensées comme si je les avais lues. Je voulais lui faire plaisir et je résolus d’être très dissolue. J’appelai les deux hommes. Je les tirais vers moi… Lorsque tout fut fini et tous furent calmés, ils me portèrent dans la hutte, où Ferry me coucha dans un lit.

Puis-je vous raconter comment s’écoulèrent les trois jours que je passai dans cette forêt ? Ferry avait congé. Je changeais tous les jours d’amants. Il y avait neuf brigands. Le troisième jour, nous célébrâmes une grande orgie, avec des paysannes, des femmes et des filles qui étaient venues. Agrippine aurait envié nos saturnales. Ces paysannes étaient aussi raffinées, adroites et voluptueuses que les dames de l’aristocratie de Budapest.

J’eus le temps de me reposer durant ma tournée. Rose m’accompagnait seule. Ferry me quitta après de tendres adieux. Il était temps de reprendre des forces, ces débauches m’auraient tuée.