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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/26

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE

— Sois sans crainte. Mais si tu veux réellement me souhaiter du bien, laisse-toi faire, ma jolie chérie. Tu es aussi fraîche et parfumée qu’une rose pleine de rosée.

— Je te permets tout, mon ange. Mais ne veux-tu pas attendre jusqu’au soir ?

— Tu n’aurais pas dû t’exposer d’une façon si enivrante. Tiens, tu peux te convaincre aisément que je ne puis plus attendre !

Et ses baisers ne voulaient point finir. Cependant, sa main devenait de plus en plus amoureuse et caressante, et ma mère répondait de son mieux à ses attaques. Les baisers devenaient plus ardents. Mon père lui baisait le cou, les seins, il lui suçait les petits boutons roses, la caressait avec ardeur, lui disant de tendres mots d’amour qui interrompaient parfois la douce caresse de ses lèvres, et ma mère lui répondait sur le même ton. Comme il me tournait le dos, je ne pouvais pas voir ce qu’il faisait, mais je concluais des légères exclamations de ma mère qu’elle ressentait un plaisir extraordinaire. Ses yeux se noyèrent, ses seins tremblaient, tout son corps tressaillait. Elle soupirait par saccades :

« Quelles délices ! Je t’adore ! Ce que tu es aimable ! Ah ! pourquoi nous aimons-nous tant ! » Et puis ce furent des onomatopées voluptueuses !

Chacune de ces paroles s’est fixée dans ma mémoire. Combien de fois les ai-je répétées en pensées ! Ce qu’elles m’ont fait réfléchir et rêver ! Il me semble que je les entends encore sonner dans mes oreilles.