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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/25

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


était là, les jambes ouvertes, une jambe repliée et l’autre étendue. Je voyais pour la première fois un autre corps de femme, mais plein, en belle floraison, et je pensais avec honte au mien encore si verdelet. La chemise était retroussée, un sein blanc et rond débordait des dentelles.

J’ai connu plus tard bien peu de femmes qui auraient osé, se présenter ainsi à leur mari ou à leur amant.

En général, le corps de la femme est vite déformé après les vingt ans.

Mon père buvait ce spectacle des yeux. Puis il se pencha sur l’endormie, et entama une litanie de caresses lentes de la plus grande délicatesse. Ma mère soupirait, puis elle releva comme en dormant l’autre jambe et elle se mit à faire d’étranges mouvements des hanches. Le sang me monta au visage ; j’avais honte ; je voulais détourner les yeux, mais je ne le pouvais pas. Mon père ayant alors accéléré et appuyé ses baisers, ma mère ouvrit les yeux, comme si elle venait de se réveiller en sursaut, et elle dit avec un profond soupir :

— Est-ce toi, mon cher mari ? Je rêvais justement de toi. Comme tu me réveilles d’une façon agréable ! Mille et mille bons vœux pour ton anniversaire !

— Le plus beau, tu me le portes en me permettant de te surprendre. Comme tu es belle aujourd’hui ! Tu aurais dû te voir !

— Mais aussi, me surprendre à l’improviste ! As-tu poussé le verrou ?