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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/261

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


faveurs, furent arrêtés. Hercule et le bel adolescent finirent à la potence. Il ne me restait plus que Rose pour me rappeler les joyeuses journées passées à Budapest.

Je ne veux pas vous parler de ma carrière artistique. Ceci ne vous intéresse pas ; si vous voulez la connaître, vous n’avez qu’à ouvrir les journaux, ce que vous avez sûrement fait.

Dans une grande ville d’Allemagne, je fis la connaissance d’un imprésario italien, qui m’avait entendue chanter dans un concert et dans un opéra. Il me rendit visite chez moi et me fit la proposition de le suivre en Italie. Je parlais parfaitement l’italien. Il me dit que pour pouvoir concourir avec les plus célèbres cantatrices d’Italie, il ne me manquait que l’habitude des immenses scènes de San Felice, de la Scala ou de San Carlo. Si j’avais du succès en Italie, mon avenir était assuré ; j’avais la gloire. Je devais débuter au théâtre Pergola, à Florence. Je n’hésitai pas longtemps ; je signai un engagement de deux ans ; j’avais un gage de trente mille francs et deux soirées à mon bénéfice.

En Italie, j’avais moins à risquer que partout ailleurs où j’avais déjà chanté. Personne ne s’occupe de la conduite d’une femme non mariée. Cette apparente vertu féminine, qui est tant en honneur dans le reste de l’Europe, n’a aucune valeur en Italie. On l’exige plutôt d’une femme mariée que d’une fille. Je trouve ceci très raisonnable, et quand une dame qui a déjà connu toutes les nuances de l’amour veut se marier,