était un parfait épicurien et étudiait la nature humaine ;
ses opinions s’harmonisaient avec les miennes. J’appris
à mieux me connaître, grâce à lui. Il m’expliqua
bien des choses dont je n’avais pas la clé. Je savais
depuis longtemps que la nature de la femme est tout
autre que la nature de l’homme, mais je n’avais pu
deviner pourquoi. Il m’en donna les raisons physiologiques
et psychologiques. Sa philosophie était simple
et claire ; il était impossible d’affaiblir ses principes,
basés sur la raison. Il n’était pas du tout cynique ;
dans la société, on le prenait pour un homme très
moral, bien qu’il ne feignît aucune vertu. Il me faisait
doucement la cour, non pas pour atteindre ce que
tout homme convoite, mais parce que j’étais capable
d’écouter et de comprendre ses paroles. Pourtant, je
remarquais qu’il aurait été très heureux de me posséder
corporellement. Ceci est naturel. Je ne suis pas
un Narcisse féminin, mais j’ai conscience de mes qualités
physiques et spirituelles ; je n’ai qu’à me regarder
dans un miroir et à comparer ma beauté à celle
des autres femmes. Vous m’avez avoué vous-même
que vous n’avez jamais vu un corps féminin aussi bien
proportionné que le mien, et ceci bien des années
après ma connaissance avec sir Ethelred Merwyn.
J’étais piquée d’entendre l’Anglais faire continuellement ma louange, sans jamais essayer d’attaquer mon cœur ou quelque chose d’autre, — on dit cœur par euphémisme. Ma coquetterie était vaine. Il m’avait tout expliqué ; mais je voulais encore savoir pourquoi il se faisait stoïque avec moi.