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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/264

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE

Un proverbe dit : « Si la montagne ne vient pas vers Mohamed, Mohamed doit aller vers la montagne. » Sir Ethelred était la montagne et si je voulais obtenir mon explication, je devais être le prophète.

— Je vous permets pourtant tout, sir Ethelred, lui dis-je une fois ; pourquoi ne dépassez-vous jamais, quand vous me faites la cour, les limites de la plus stricte amitié ? Vous avez été un grand Lovelace, ainsi que vous me l’avez dit ; je sais même que vous faites encore plus d’une conquête.

— Vous vous trompez, madame, je ne fais plus de conquête, me répondit sir Ethelred. Vous n’allez pas croire que ce qu’un vieillard change contre de l’or soit des conquêtes.

— Je ne parle pas des lorettes et d’autres femmes légères. Vous ne répondez qu’à une partie de ma question. Me prenez-vous pour une coquette sans cœur, qui s’enorgueillit de vous enchaîner à son char de triomphe ? Pensez-vous que vous ne pouvez pas inspirer de l’amour à une femme de mon âge ?

— Je crois que c’est possible. Si vous m’accordiez vos faveurs, vous le feriez par pitié et non par amour. Ça serait tout au plus un désir maladif. Vous n’avez connu que des hommes jeunes. Vous voudriez me voir ridicule.

— Vous êtes injuste envers vous-mêmes et envers moi. Je vous ai déjà raconté que j’ai connu un homme qui dédaignait toute conquête qui ne venait pas s’offrir volontairement. Êtes-vous aussi vaniteux