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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/273

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


violateur étaient deux individus différents, mais ils étaient en étroits rapports.

Au faubourg-Poissonnière vivait un charcutier célèbre par la qualité de ses pâtés. Sa boutique ne désemplissait pas. Le peuple racontait beaucoup de bêtises sur la fabrication de ces pâtés, et le bruit se répandit qu’il employait de la chair humaine. Une perquisition eut lieu, on découvrit qu’il n’employait pas de la viande ordinaire, mais que c’était de la viande animale : il employait des chiens, des chats, des écureuils, des moineaux, etc. Chaque fois que la célébrité de ces pâtés reprenait, des bruits infâmes recommençaient à circuler. À la longue, la police n’y prit plus garde et même le public s’en lassa.

Environ dix-huit mois avant mon arrivée à Paris, on avait arrêté un coiffeur pour avoir coupé la gorge à un de ses clients. Les recherches permirent d’établir qu’il avait déjà commis plusieurs assassinats et qu’il vendait les cadavres à son beau-frère, qui était charcutier. La chair des cadavres était hachée, la complicité du beau-frère n’était pas sûre. À l’interrogatoire, l’accusé dit que l’un de ses confrères en faisait tout autant et qu’en plus il poursuivait un double but : car, premièrement, il fournissait les cadavres des jeunes filles impubères à un grand débauché, qui en abusait ; ensuite, il les revendait une seconde fois au pâtissier. Le procureur général incrimina le débauché, mais celui-ci, qui avait été présent à l’interrogatoire du coiffeur, eut le temps de faire disparaître toutes traces de complicité. On découvrit