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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/274

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


des traces de sang et des os dans la cave du deuxième coiffeur, mais on ne put établir nettement son crime. On le laissa en liberté et il n’en fut plus question.

Six semaines avant mon arrivée, un agent des mœurs surprit un employé de la morgue en train de violer le cadavre d’une jeune fille repêchée dans la Seine. L’homme fut condamné à dix ans de galères. Cette condamnation fut trouvée trop forte par le public et les journaux, et la Cour de cassation la commua en deux ans de travaux forcés.

Cette deuxième affaire réveilla la première, car les journaux firent beaucoup de bruit autour du coiffeur-charcutier. Celui-ci, qui se croyait à l’abri de toute nouvelle poursuite, protégé comme il était par son client, avait oublié toute prudence. Un beau jour, la police perquisitionna chez lui et découvrit le cadavre d’une petite fille de dix ans. L’examen médical établit que la fillette avait été violée, mais elle ne put fixer si elle l’avait été avant ou après l’assassinat.

L’assassin fut condamné à la guillotine ; le condamné nia d’avoir des complices devant la Cour de cassation ; quand il vit que rien ne pouvait le sauver, il avoua qu’il fournissait le cadavre des fillettes égorgées au duc de P…, qui les lui payait vingt napoléons d’or pièce. Il dit encore que c’était le duc qui l’avait poussé à attirer des fillettes dans sa boutique pour les assassiner. Le duc fut incriminé dans l’affaire, il nia énergiquement toute complicité. Le viol des cadavres était évident et il savait que les filles étaient assassinées. Son avocat fut assez adroit pour ne le faire