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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/279

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


Je l’aimais, jusqu’à ce qu’il me trahît doublement : d’abord en me faisant négliger ma prudence habituelle, puis en me contaminant. À Londres, il n’osait pas me poursuivre ouvertement, car j’aurais pu appeler l’aide de la police, et il n’osa pas m’attaquer, comme il le fit plus tard dans un autre pays et dans d’autres circonstances.

Nous louâmes, Sarolta et moi, un coquet appartement à Saint-James Wood, dans les environs immédiats du Regentspark. C’était au commencement de la saison. Le temps est magnifique au mois d’avril. Notre cottage était entouré d’un petit jardin avec quelques arbres fruitiers, une charmille et des chemins soigneusement râtelés. Nous nous y promenions tous les matins après le lunch. Parfois nous restions dans notre chambre, qui avait une très belle vue sur le Regentspark.

Un matin, Sarolta était dans ma chambre et nous mangions du gâteau la fenêtre ouverte. Nous en jetions les miettes aux rouges-gorges, qui venaient les picoter jusque dans notre main. Une faible brise agitait les arbres, le parfum des lilas nous enivrait. J’étais en chemise et je m’appuyais sur l’épaule de Sarolta.

— Regarde donc, me dit celle-ci, n’est-ce pas étrange de voir un monsieur aussi élégamment mis en compagnie de cinq ou six vauriens ? Et elle me montrait du doigt un massif de verdure du Regentspark.

Je regardai et je vis un monsieur qui tenait par la