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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/285

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


celui qui échange le plus grand bien contre le moindre. »

Comme elle allait partout, j’eus une belle occasion d’apprendre ce qu’il y avait de remarquable à Londres. Les Anglais sont très tolérants vis-à-vis des gens du théâtre et de la bohème. Ils ne les reçoivent pas dans leur société, ou alors, s’ils les invitent, ils les traitent comme des automates ; ils sont très polis envers eux, mais quand le concert est terminé, ils ne les connaissent plus. Mais si un cavalier épouse une femme de la rue, on oublie aussitôt son passé, on la traite en grande dame, et si elle est l’épouse d’un lord, elle peut même assister au lever de la Reine. Je connais trois de ces dames, lady T…, la marquise de W… et lady O…

Certains locaux ne sont pas fréquentés par ces dames de la rue, ainsi les bals de Canterburyhall, Argyll Rooms, Piccadilly Salon, Halborn Casino, Black Eagle, Callwell et beaucoup d’autres. Ces nymphes, quoiqu’elles soient inscrites comme prostituées à la police, ne sont pas les parias de la société, comme sur le continent. Elles sont protégées par les lois si quelqu’un les insulte en leur donnant un titre déshonorant. Elles ne sont pas aussi déclassées qu’ailleurs. Elles ne s’appellent pas filles de joie, mais dames indépendantes. Il y a des locaux où elles tiennent des réunions et où tout le monde n’est pas admis, par exemple chez Mrs. Hamilton, Oxendo Street. Il faut être présenté par une de ces dames.

Mrs. Meredith me raconta ses aventures dans ces