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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/284

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


défunt chez une de ses cousines qui habitait le faubourg de Drompton. Je lui envoyai la lettre de sir Ethelred et ma carte de visite et reçus une invitation pour le soir même.

Mrs. Meredith — c’était son nom — était âgée de quarante-cinq à quarante-huit ans. Elle avait dû être très belle et avait dû jouir de la vie, car elle était assez fanée, ses cheveux étaient gris et son visage était sillonné de rides. Elle se poudrait beaucoup. Elle était philosophe, de la secte des épicuriens. Elle était très bien reçue partout, car elle avait beaucoup d’esprit et une bonne humeur inépuisable. Elle était en outre très aimable et assez riche pour faire des soirées chez elle. Ces soirées se composaient de personnes du même esprit, et bien des dames avaient un renom équivoque, quoiqu’elles fussent toutes de l’aristocratie. Malgré la liberté d’esprit et de conduite qui régnait dans ce cercle, ces soirées ne se déchaînaient jamais en orgies.

Malgré notre différence d’âge, nous devînmes bientôt de bonnes amies. Je lui avouai quelles relations j’avais eues avec son cousin. Elle me loua beaucoup de l’avoir favorisé de mon amour. Elle me fit entendre que sir Ethelred lui avait parlé de notre liaison, mais sans lui dire mon nom, car il était très discret. Meredith parlait très librement de toutes les choses. Elle me dit qu’elle n’avait pas encore renoncé à l’amour, mais que ça lui coûtait beaucoup d’argent. « Mon Dieu ! disait-elle, je fais comme les vieillards qui achètent l’amour des jeunes femmes. Ceci ne déshonore jamais l’acheteur ; mais tout au plus