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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/287

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

Une large rivière traversait le jardin de Mrs. Meredith ; elle n’était pas navigable ; par endroit, nous pouvions la traverser à pied. Le jardin était entouré d’une haute muraille et les bords de la rivière étaient plantés de saules pleureurs. Ils faisaient comme un rideau ; nous étions à l’abri de tout œil indiscret. Nous pouvions faire tout ce que nous voulions.

Le lit de la rivière était du sable le plus fin. Nous étions presque toujours dans l’eau, comme des canards ; nous nous amusions, nous barbotions ; j’étais la plus adroite nageuse. Dois-je vous dire tout ce que nous fîmes ensemble ? Il y aurait trop à raconter et ma lettre serait deux fois plus longue, et je ne pourrais pas tout vous décrire. J’y renonce. Cependant je dois dire que quelques dames prétendaient même n’avoir jamais goûté telle volupté dans les bras d’un homme. Je comprends d’ailleurs pourquoi les Turques ne s’ennuient jamais dans leur harem et qu’elles ne peuvent pas être malheureuses en attendant leur tour de partager la couche de leur sultan. Déjà, la conscience de savoir que cette étreinte n’expose à aucune suite dangereuse rehausse beaucoup le plaisir.

Aucune de nous ne s’amusa autant que notre hôtesse. Le cinquième jour nous rentrâmes toutes à Londres, où mes devoirs m’appelaient.

J’aurais pu gagner d’immenses sommes à Londres si j’avais voulu faire la conquête des hommes. Lord W…, un fanatique de musique, qui dépensait des sommes folles avec toutes les actrices, me fit faire