proie à la même excitation qui s’était emparée de lui,
tout à l’heure. Elle se leva. En faisant sa toilette, elle
releva, comme par hasard, le miroir, et mon père, qui
était maintenant à sa place, sur l’oreiller, ne pouvait
point voir l’image qui l’avait tant réjouie. J’avais
suivi cette scène avec tant d’attention que ce petit
geste ne m’échappa point, mais je ne me l’expliquai que
beaucoup plus tard. Je croyais que tout était maintenant
terminé. Mes sens étaient violemment agités et
me faisaient presque mal. Je pensais enfin à me
sauver sans trahir ma présence, mais je devais
encore voir quelque chose. Assise à ses pieds, ma
mère se pencha sur mon père, l’embrassa et lui
demanda tendrement :
— Es-tu heureux ?
— Plus que jamais, adorable femme. Je regrette seulement que tu paraisses l’être moins que moi. Je t’aime non seulement avec tendresse, mais plutôt avec une tendre fureur.
— Mais cela ne fait rien. À ton anniversaire je ne cherche que ton plaisir. D’ailleurs je ne t’aime pas moins que tu ne m’aimes toi-même.
En disant cela, elle se pencha sur lui et se mit à le baiser doucement en levant sur lui ses grands yeux tendres. Maintenant, je voyais bien mieux tout ce qui se passait. D’abord, elle le baisa du bout des lèvres, le caressant, le dorlotant, comme elle eut fait d’un petit enfant, et des spasmes crispèrent le visage de mon père. De sa main droite il la pressait contre lui et lui rendait ses baisers sur sa belle chevelure dénouée