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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/33

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


comme celle d’une prêtresse des forêts germaniques. Je voyais ses longs cheveux bouclés, ses yeux profonds, aux longs cils, son joli nez droit aux narines frémissantes, tandis que sa bouche s’entr’ouvrait sur ses belles dents blanches. Enfin, ô merveille, les yeux de mon père ressuscitèrent, il redevint charmant, galant tout d’abord et reprit la force avec laquelle il m’était apparu. Ma mère était arrivé à ses fins, ses yeux rayonnaient de convoitise, et comme mon père restait couché, visiblement satisfait de contempler l’attrayante mise de ma mère, elle se remit près de lui tout à coup et le couvrit de baisers. Le corps de mon père était couché tout de son long. Le hasard avait tout disposé en ma faveur. Je voyais cette scène en double : une fois, dans le lit dont le bas côté me faisait face ; l’autre fois, par derrière, dans le miroir. Ce que jusqu’à présent je n’avais pu distinguer qu’en partie, suivant l’éloignement on le rapprochement du corps, je le voyais en plein, aussi distinctement que si j’y avais participé. Je n’oublierai jamais ce spectacle ! C’était le plus beau que je pouvais désirer. Il était beaucoup plus beau que tous ceux auxquels j’ai goûté dans la suite. Les deux époux étaient en pleine santé, forts et surexcités. Ma mère était maintenant active, tandis que mon père était beaucoup plus calme qu’auparavant. Il étreignait son épouse charmante et blanche, prenait ses cheveux entre les lèvres, les mordait quand ma mère se penchait trop, et tout son corps, sauf sa bouche, restait presque immobile. Ma mère, au contraire, dépensait une vivacité extraordinaire.