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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/48

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


coche et mit ses effets dans une armoire. Elle cacha le paquet mystérieux sous une pile de linge, ainsi que le livre dans lequel je l’avais vue lire. Je résolus aussitôt de profiter de mon séjour à la campagne pour prendre connaissance de ces objets et les étudier soigneusement. Marguerite devait tout me confesser, sans que j’eusse besoin de la menacer de révéler ses joies secrètes. J’étais très fière de sentir que ma ruse allait la surprendre, la convaincre, la réduire ; que j’allais l’obliger à m’avouer tout, sans autre subterfuge. Ma curiosité grandissait et je ne sais pas pourquoi je goûtais un plaisir particulier.

L’orage éclata. Les coups de tonnerre se succédaient sans interruption. Je fis semblant d’avoir très peur. Marguerite venait à peine de se coucher qu’au premier éclair je sautai hors de mon lit et je me réfugiai toute tremblante auprès d’elle. Je la suppliai de bien vouloir me recevoir ; je lui dis que ma mère le faisait à chaque orage. Elle me prit dans son lit, me caressa pour me tranquilliser. Je la tenais enlacée, je la serrais de toutes mes forces. À chaque éclair, je me blottissais contre elle. Marguerite m’embrassait machinalement, par bonté et non comme je l’aurais désiré. Je ne savais comment faire pour obtenir davantage.

La chaleur de son corps me pénétrait et me réjouissait beaucoup. Je cachais mon visage entre ses seins. Un frisson inconnu me courait le long des membres. Pourtant je n’osais pas toucher ce que je désirais tant. J’étais prête à tout et je n’avais plus aucun courage,